Vapotage : vous pouvez désormais savoir ce que contient vraiment votre e-cigarette
Publié : 28 octobre 2020 à 11h30 par Iris Mazzacurati
"Arômes mojito", "fruits rouges" ou "menthe"... Qu'est-ce qui se cache derrière les liquides de e-cigarette? Une base de données publiée, mercredi 28 octobre, par l'Anses dresse le panorama de toutes les substances contenues dans les produits du tabac et du vapotage vendus en France.
L'Agence nationale de sécurité sanitaire est la "première agence européenne à rendre disponible l'intégralité de ces informations", qui doivent obligatoirement être déclarées depuis 2016, s’est félicité Matthieu Schuller, directeur de l'évaluation des risques de l'Anses.
"Concrètement, si je suis vapoteur ou vendeur d'e-liquides et si je veux me renseigner sur un produit, je vais commencer par vérifier s'il a bien été enregistré auprès de l'Anses (...). Je peux ensuite consulter ses ingrédients majoritaires tels que déclarés et je peux enfin regarder si l'Anses a relevé des écarts dans la déclaration du fabricant pour ce produit", a précisé l'agence sanitaire.
De fait, près de 4% des produits du vapotage vendus sur le marché français (3,3% à 4,2% selon l'année) ont déclaré au moins un ingrédient interdit car cancérogène, susceptible de favoriser les mutations génétiques (mutagène) ou toxique pour la fertilité ou le développement du foetus (reprotoxique).
Dans les produits du tabac (cigarettes, tabac à rouler, cigares, tabac chauffé...) cette proportion est comprise entre 0,4% et 1,4% selon les années, et environ 0,2% comportent d'autres ingrédients interdits (vitamines, caféine, taurine...)
Cette base de données, qui sera actualisée "de manière mensuelle", constitue une "première étape" avant "une évaluation des risques" éventuellement liés à chacune de ces substances, précise Matthieu Schuller.
Des pratiques dangereuses
Les liquides de vapotage sont généralement composés de glycérine végétale et de propylène-glycol, qui servent de support de dilution, de nicotine à différentes concentrations, et d'arômes artificiels (jusqu'à 15 dans certains mélanges). On y trouve également parfois des sucres, des édulcorants, des acides et des extraits de plantes.
Si ces substances sont couramment utilisées dans d'autres produits de consommation comme les aliments ou les cosmétiques, leurs effets lorsqu'ils sont chauffés et inhalés sont encore mal connus.
Les cigarettes électroniques sont souvent utilisées comme outil d'aide à l'arrêt du tabac, dont les effets néfastes sur la santé sont eux connus de longue date. Même si 63% des vapoteurs sont également des fumeurs, selon un sondage BVA réalisé à la demande de l’Anses, publié mercredi.
Cette enquête montre également que près d'un tiers des vapoteurs assemblent eux-mêmes leur liquide, en achetant séparément des bases aromatisées en grands contenants et des "boosters" à la nicotine, ce qui revient moins cher que les produits prêts à l'emploi. Or les produits qui ne contiennent pas de nicotine ne sont pas concernés par la déclaration obligatoire, donc il y a "une interrogation sur la composition de ces produits", observe aussi Benoît Labarbe, responsable de la mission "tabac" à l'Anses.
L'agence sanitaire souligne par ailleurs que le processus de déclaration des fabricants pourrait être nettement amélioré.
Ils sont tenus de détailler la composition des produits, mais aussi les substances émises dans la fumée ou dans l'aérosol généré par le chauffage du liquide, ainsi que leurs volumes de ventes. Or pas moins de 67% de ces données n'ont pas été transmises pour les produits du tabac, et 61% pour le vapotage.
(Avec AFP)