Les femmes davantage en première ligne face au coronavirus
26 mars 2020 à 9h42 par Etienne Escuer
Aides à domicile, caissières, infirmières⬦ Les femmes précaires se retrouvent majoritairement en première ligne lors de cette crise sanitaire liée au coronavirus.
Il faudra en tirer des enseignements une fois l'épidémie de coronavirus derrière nous : les femmes se retrouvent davantage exposées au Covid-19 que les hommes. Aide à la personne, caissières, infirmières : ces professions, souvent précaires, sont majoritairement exercées par des femmes. « 78% des personnes qui composent la fonction publique hospitalière sont des femmes », note Claire Duchet, chargée de mission pour l’association Fete, femmes égalité emploi. « Le ratio grimpe à 90% pour les infirmières et aides-soignantes. Ce sont elles qui sont en première ligne, qui prennent le plus de risques d'attraper la maladie et de la ramener chez elles ».
Hôtesses de caisse, femmes de ménage, etc...
Les professions exposées ne se limitent aux infirmières et aides-soignantes. « Il y a aussi les hôtesses de caisse, les femmes en charge de l'entretien, du ménage, les assistantes maternelles, tous les métiers du secteur de l'aide à la personne », poursuit Claire Duchet. « Bien sûr, il y a aussi des hommes sur le terrain : les routiers, les éboueurs, les policiers et gendarmes, les gardiens de prison, etc... Mais ce sont majoritairement les femmes qui sont concernées par cette situation ».
Aujourd’hui, une pensée particulière aux femmes précaires qui sont en première ligne contre le #COVID19. Très majoritairement, elles ne peuvent pas télétravailler et sont essentielles en cette période de crise : infirmières & personnel de santé, caissières, aide à domicile. (1/4)
— Gabrielle Siry (@GabrielleSiry) March 19, 2020
Revaloriser ces métiers
Plus globalement, une fois terminée, la crise sanitaire actuelle devra nous faire réfléchir sur la valeur travail. Devrons-nous mieux rémunérer certains professions ? « L'enseignement est clair », selon Claire Duchet. « Les titulaires de certains métiers bien payés nous apparaissent bien inutiles et leur rémunération exorbitante dans cette situation. Alors que les emplois dans lesquelles les femmes sont en première ligne sont indispensables et ce sont ceux-là qu'il va falloir valoriser. »
Les grandes décisions prises... par des hommes
Si les femmes sont en première ligne, les prises de décisions restent quant à elles très masculines, que ce soit dans le monde politique ou scientifique. Le chef de l'Etat, le Premier ministre, le ministre de la Santé et son directeur général sont tous des hommes. Le premier conseil scientifique installé pour les épauler est lui composé de neuf hommes pour deux femmes. Le comité analyse recherche et expertise fait mieux, avec cinq femmes (dont sa présidente, Françoise Barré-Sinoussi, nobel de médecine en 2008 pour ses travaux sur le Sida) pour 12 membres. « C'est ce qu'on appelle le plafond de verre, cette barrière invisible qui empêche les femmes d'accéder aux postes à responsabilités », confie Claire Duchet. « On a encore une marge de progression pour égaler certains pays bien plus en avance que nous, notamment les pays scandinaves. Espérons que cette crise difficile pour tout le monde permettra une bonne prise de conscience. »
Mieux répartir les tâches familiales ?
A la maison aussi, cette crise sanitaire pourrait être salutaire. « Concernant la répartition des charges familiales, disproportionnée en temps normal, là les hommes sont aussi à la maison donc on espère une prise de conscience ! », poursuit Claire Duchet. « Plus d'excuses dans les couples hétérosexuels ! »
La période de confinement peut s'avérer également dangereuse pour les femmes victimes de violences conjugales, qui peuvent peiner à se mettre en sécurité. Un numéro, le 3919, est accessible de 9h à 19h du lundi au samedi. Ce dernier était toutefois souvent utilisé depuis les lieux de travail, il est donc demandé à l'entourage et aux voisins de femmes victimes de violence de redoubler de vigilance pendant le confinement.
"Il est absolument déconseillé de sortir, il n’est absolument pas interdit de fuir"
— #NousToutes (@NousToutesOrg) March 22, 2020
Comment aider les femmes victimes de violences conjugales en période de confinement ? Interview de @carolinedehaas par @konbininews. #NousToutes https://t.co/xDnhd5KPzW